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Avoir chaud sans chauffage

08 January 2024

C'est évident, mais s'habiller chaudement est hyper efficace pour faire des économies

Peut-on avoir chaud sans chauffage quand il fait froid ?

Et bien, il suffit d’aller faire du ski pour se rendre compte que oui ! Dans cet exemple précis on peut identifier que ce qui nous permet d’être au chaud est une très bonne isolation du corps, avec une couverture de toute la surface de la peau, et également l’activité physique qui met en route notre « chauffage interne ». Les jours de beau temps, le soleil puissant des montagnes contribue également à notre confort, ainsi qu’une humidité réduite de l’air ambiant.

Alors pourquoi ne pourrait-on pas obtenir le même confort chez soi, sans chauffer ?

Le compromis est à trouver d’abord au niveau de l’habillement car on n’envisage pas (encore) de vivre chez soi en combinaison de ski – mais, eh ! c’est surtout une norme sociale dans le fond, et un peu de sens pratique car ces gros vêtements nous font perdre de l’agilité – une question de R&D pour la mode peut-être ? Il est tout à fait possible aujourd’hui de renforcer notre niveau d’habillement sans rogner sur la liberté de mouvement et/ou le style : sous-vêtements techniques ou en laine, vêtements épais, sur-vêtements cocooning (avec capuche, c’est important pour garder la nuque et la tête au chaud). Ne pas oublier les extrémités qui sont assez sensibles au froid : pieds, tête, mains.

L’isolation complémentaire à l’habillement est celle de notre habitation : cette enveloppe nous protège en effet du vent et de l’humidité (si bien ventilée), ce qui est déjà majeur pour réduire les pertes thermiques de notre corps ! Ensuite ce volume plus ou moins bien isolé permet également un gain de température naturel par rapport à l’extérieur, en retenant la production de chaleur interne (cuisson, occupation…) et les apports solaires. Il est donc important de bénéficier d’une bonne isolation et de favoriser l’entrée du soleil par une conception bioclimatique du logement.

Autre exemple, l’habillement des parois froides (les fenêtres notamment) avec des couches qui ne sont pas en contact avec la paroi (des rideaux typiquement) permet de casser l’effet de paroi froide (déséquilibre spatial du rayonnement infrarouge reçu par le corps).

L’ameublement peut également servir à nous réchauffer. Soit en créant une couche d’isolation supplémentaire, comme l’étaient les lits à baldaquin ou les lits clos bretons, ou grâce à une couette, un dossier rembourré ou le fameux kotatsu japonais. Soit en nous mettant en activité au lieu de rester sédentaire : tapis roulant, gym-ball ou pédalier de bureau nous aident à produire notre propre chaleur pendant un travail de bureau, tout en ayant également des bénéfices sur la santé.

Quand bien même tout ce travail serait soit irréalisable, soit déjà fait à son maximum, il reste encore une étape avant de devoir allumer le chauffage du logement : celle du chauffage localisé de faible puissance. Il s’agit, non pas de maintenir une température de l’air intérieur suffisante partout dans le logement, mais de réchauffer ce qui doit l’être : vous et uniquement vous. Nos ancêtres utilisaient principalement des poêles et des bouillottes, qui sont toujours des solutions intéressantes, mais nous avons encore plus pratique aujourd’hui. Par exemple des vêtements ou des plaids chauffants qui, pour quelques dizaines de W, permettent largement de combler le déficit thermique éventuel. Enfin, parce qu’il arrive régulièrement qu’un inconfort soit dû à un manque de rayonnement thermique (la plupart des modes de chauffage actuel mettent l’accent sur le transfert de chaleur par convection), chauffer une petite zone occupée à l’air d’un radiant infrarouge longues ondes (quelques centaines de W de puissance, on commence à s’approcher d’un vrai chauffage).

Voici quelques ressources que je vous conseille si vous souhaitez creuser le sujet :

Mais ne pas chauffer, est-ce que c’est mauvais pour le bâtiment ?

Sauf oubli de ma part, je crois qu’il n’y aucun composant du bâtiment qui craigne le froid positif. Il existe peut-être des cas particuliers où la dilatation-rétractation du matériau occasionne des dégâts sur le long terme. En revanche, le froid est souvent synonyme d’humidité et cette dernière peut causer des dégâts. C’est pour cela qu’il faut toujours veiller à avoir un logement bien ventilé (40 à 70 % d’humidité relative dans l’air), et à garder une température hors-gel (donc chauffer quand même si nécessaire) pour éviter que l’humidité normale des matériaux et l’eau présente dans les tuyaux ne posent problème.


Décrue est un bureau d’études en sobriété et efficacité énergétique, basé en Bretagne Sud. J’interviens sur les secteurs de Lorient, Auray, Vannes, Locminé, Baud, Pontivy, Rostrenen, Gourin, Quimperlé...