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Avoir frais sans climatisation

09 January 2024

Un ventilateur consomme 100 fois moins qu'une climatisation.

« Avec le réchauffement climatique, on va mettre des clims partout ! »

C’est effectivement le réflexe que la plupart des gens confrontés à de fortes chaleurs risquent d’avoir. Pourtant, un foyer sans personnes sensibles (nourrisson ou très vieille personne) peut tout à fait se passer de clim, en adoptant de bons réflexes ou en faisant certains travaux.

 Limiter les apports solaires

C’est le plus évident et en général bien fait par les gens : se protéger du rayonnement solaire direct passant par les menuiseries. La fermeture des volets est le geste le plus efficace, aussi il ne faut pas l’oublier si on part travailler en début de journée ! Il est important que la protection solaire soit extérieure, un store intérieur empêche le rayonnement d’aller loin dans la pièce, mais créé une bulle de chaleur derrière la vitre qui finit par se diffuser dans la pièce. Afin de ne pas se retrouver dans le noir, il est possible d’utiliser des dispositifs type casquette solaire ou des brises-soleil orientables à la place des volets.

Limiter le transfert de chaleur depuis l’extérieur

Il faut également empêcher la chaleur de l’air extérieur de rentrer dans la maison. Donc comme en hiver, on laisse les menuiseries fermées, on laisse la VMC renouveler l’air, on isole les parois extérieures et on fait la chasse aux infiltrations. Idéalement, on arrive à isoler une paroi de manière à ce qu’elle ait un déphasage autour de 12h, mais l’importance du déphasage diminue avec la performance de l’isolation et l’inertie du bâtiment, car dans ce cas-là l’atténuation de l’onde de chaleur est telle que le moment où elle atteint son pic n’a plus d’effet notable. Le renouvellement d’air peut également être optimisé par l’usage d’une VMC double-flux à échangeur thermique : l’air chaud rentrant est alors refroidi par l’air vicié sortant, au lieu de venir directement réchauffer le logement comme avec une VMC simple-flux.

Limiter les apports internes

Nos activités domestiques produisent également de la chaleur, ainsi il faut chercher à éviter tout processus qui produit du chaud à l’intérieur : cuisson (four, plaques), machines à laver le linge et la vaisselle, sèche-linge, ballon d’eau chaude… On préférera une cuisine crue (salades…) ou en cuisson extérieure (l’occasion d’essayer la cuisson solaire), on privilégiera la vaisselle à la main et la lessive à froid ou à 30°C, le séchage du linge en extérieur, et on veillera à bien isoler le ballon d’eau chaude et éviter de le positionner dans le volume habitable. Tous les autres appareils doivent être surveillés, les veilles coupées, et il faudra éviter de faire de l’activité physique à l’intérieur (s’il fait beau, sortez faire votre sport !).

Limiter la hausse de température intérieure

Suivant l’inertie du logement, 1 kWh de chaleur qui y rentre ne va pas avoir le même effet de hausse de température. Les matériaux à forte inertie, massiques ou lourds, demandent en effet beaucoup d’énergie pour monter en température, ils vont donc avoir tendance à lisser la courbe des températures (été comme hiver). Il faut donc garder, à l’intérieur du volume isolé, un maximum de matériaux lourds (béton, terre, pierre, …). Il ne sert à rien de se focaliser sur les isolants dits « denses » (fibre de bois, bottes de paille), dont la densité reste 10 à 100 fois inférieure aux matériaux de structure cités précédemment : ils ne participent que faiblement à l’inertie intérieure. Il existe aussi, pour les plus technophiles, des matériaux à changement de phase qui permettent d’obtenir une grande inertie dans un petit volume. Enfin, l’humidité de l’air intérieur peut également jouer : si l’air n’est pas trop humide, il existe un potentiel d’évaporation qui va permettre d’absorber beaucoup de chaleur en faisant s’évaporer de l’eau liquide. On appelle cela du rafraîchissement adiabatique, c’est le même phénomène qui permet à notre sudation de réguler notre température interne. Ce rafraîchissement peut être réalisé simplement en disposant des coupelles d’eau dans l’habitat, ou avec plus de technologie en couplant un module de rafraîchissement adiabatique sur une VMC double-flux par exemple. Une stratégie très efficace consiste également à profiter de la fraîcheur de la nuit pour décharger le bâtiment de toute la chaleur accumulée en journée. Il faut donc surventiler le logement, malheureusement les débits nécessaires sont rarement fournissables par une VMC. Il faudra donc privilégier l’ouverture des fenêtres, en installant si besoin des dispositifs anti-effraction et/ou des moustiquaires.

Rester confortable à haute température

Notre corps est capable de supporter une température relativement élevée, mais on peut l’aider avec quelques astuces. D’abord et évidemment, s’habiller légèrement et éviter l’activité physique. A l’extérieur, des vêtements amples aident à se protéger du soleil tout en créant de mini-courants d’air lorsque l’on bouge. Ensuite, il faut aider le corps à s’habituer à la chaleur, donc l’y exposer volontairement quand les vagues de chaleur commencent. Cette adaptation vient naturellement en quelques jours, à condition de ne pas passer son temps dans un endroit climatisé (ou en cas d’usage nécessaire de la climatisation, relever la consigne de température un peu chaque jour). Enfin, il est facile de se rafraîchir en créant des courants d’air, notamment à l’aide d’éventails, de brasseurs d’air à installer en plafond ou de ventilateurs mobiles. Ces appareils consomment 100 fois moins d’énergie qu’une climatisation !


Décrue est un bureau d’études en sobriété et efficacité énergétique, basé en Bretagne Sud. J’interviens sur les secteurs de Lorient, Auray, Vannes, Locminé, Baud, Pontivy, Rostrenen, Gourin, Quimperlé...